Quelles sont les causes de la fourbure chez le cheval?

La fourbure, une affection podale douloureuse et potentiellement dévastatrice chez les équidés, est une préoccupation majeure pour les propriétaires de chevaux. Cette maladie, qui affecte les lamelles sensibles du pied, peut entraîner une boiterie chronique, une diminution significative de la qualité de vie et, dans les cas les plus graves, l’euthanasie. Comprendre les causes complexes et variées de la fourbure est crucial pour mettre en place des mesures de prévention efficaces et assurer le bien-être de nos compagnons équins. Il est impératif de se pencher sur les différents facteurs de risque et les mécanismes physiopathologiques impliqués dans le développement de cette affection.

Nous explorerons les aspects métaboliques, inflammatoires, mécaniques, et même génétiques de cette affection, en mettant l’accent sur les données scientifiques les plus récentes. Nous verrons comment la gestion de l’alimentation, le suivi vétérinaire, et les soins des pieds jouent un rôle primordial dans la prévention de la fourbure, et comment une approche proactive peut faire la différence pour la santé de votre cheval. En identifiant les facteurs de risque et en comprenant les mécanismes de la maladie, nous pouvons agir efficacement pour protéger nos chevaux de cette menace.

Surcharge en glucides

La surcharge en glucides, qu’elle provienne de l’ingestion excessive de céréales ou d’herbe riche, est l’une des causes métaboliques les plus fréquentes de fourbure chez le cheval. Ce déséquilibre alimentaire déclenche une cascade d’événements physiologiques complexes qui aboutissent à l’inflammation des lamelles du pied. Comprendre le mécanisme précis par lequel les glucides en excès provoquent la fourbure est essentiel pour adapter l’alimentation de nos chevaux et minimiser les risques. Il est donc important de surveiller attentivement la ration de votre cheval et d’adapter son alimentation à son niveau d’activité et à sa sensibilité.

Explication du mécanisme

Lorsque le cheval ingère une quantité excessive d’amidon (provenant des grains) ou de fructanes (présents dans l’herbe), une partie de ces glucides n’est pas correctement digérée dans l’intestin grêle. Cette portion non digérée se retrouve alors dans le gros intestin, où elle subit une fermentation par les bactéries présentes. Cette fermentation produit une quantité importante d’acide lactique, ce qui entraîne une diminution du pH intestinal et perturbe l’équilibre de la flore bactérienne. La destruction de la flore intestinale libère des endotoxines, des substances toxiques qui passent dans la circulation sanguine.

Une fois dans le sang, les endotoxines déclenchent une réponse inflammatoire généralisée, activant la cascade inflammatoire. Cette activation provoque une vasoconstriction au niveau des lamelles du pied, réduisant l’apport sanguin et entraînant une mort cellulaire. Le processus inflammatoire affaiblit les lamelles, compromettant leur capacité à soutenir la phalange distale (P3), ce qui peut conduire à la rotation ou à la descente de l’os et donc à la fourbure. Il est donc primordial de surveiller les signes d’alerte et de consulter un vétérinaire en cas de suspicion de surcharge glucidique.

Facteurs de risque associés

  • Pâturage intensif sur herbe riche au printemps et à l’automne.
  • Rations trop importantes de céréales, surtout chez les chevaux peu actifs.
  • Accès illimité à des aliments riches en glucides, comme les compléments alimentaires non adaptés.
  • Prédisposition raciale : certaines races rustiques, ainsi que les chevaux et poneys en surpoids, sont plus susceptibles de développer une fourbure liée à la surcharge en glucides.

Comparaison de la teneur en glucides

Il est crucial de comparer la quantité de glucides non structuraux (GNS) dans les différentes sources d’aliments pour chevaux afin de mieux gérer leur ration et minimiser le risque de fourbure. Le tableau ci-dessous donne une indication de la teneur moyenne en GNS de certains aliments courants :

Aliment Teneur moyenne en GNS (%) Remarques
Herbe de printemps 15-30 Variable selon l’espèce et le stade de croissance
Herbe d’automne 10-25 Variable selon l’espèce et le stade de croissance
Avoine 50-60
Orge 60-70
Foin de graminées 10-20 Variable selon l’espèce et le stade de récolte
Pulpe de betterave (désucrée) 12-18

La surveillance de l’ingestion de glucides est un élément clé de la prévention de la fourbure. Adaptez la ration de votre cheval en fonction de son activité, de son poids, et de sa sensibilité aux sucres. N’hésitez pas à demander conseil à votre vétérinaire ou à un nutritionniste équin pour établir un plan d’alimentation adapté et personnalisé.

Résistance à l’insuline et dysfonction endocrinienne

La résistance à l’insuline et les dysfonctions endocriniennes, notamment le syndrome métabolique équin (SME) et la maladie de Cushing, représentent des causes métaboliques majeures de la fourbure chez le cheval. Ces conditions interfèrent avec la régulation du glucose et de l’insuline, conduisant à des complications qui peuvent affecter la santé des pieds. Comprendre ces mécanismes est essentiel pour une gestion proactive de la santé de nos chevaux et prévenir la fourbure cheval.

Syndrome métabolique équin (SME)

Le Syndrome Métabolique Équin (SME) est caractérisé par une résistance à l’insuline, une obésité localisée (dépôts de graisse au niveau de la crête de l’encolure et de la région supra-orbitaire), et une prédisposition à la fourbure cheval, qu’elle soit chronique ou récidivante. La résistance à l’insuline signifie que les cellules du corps ne répondent pas correctement à l’insuline, une hormone qui permet au glucose de pénétrer dans les cellules pour être utilisé comme source d’énergie. Pour compenser cette résistance, le pancréas produit davantage d’insuline, entraînant une hyperinsulinémie chronique.

L’hyperinsulinémie chronique a des effets délétères sur les lamelles du pied. Elle active les récepteurs à l’insuline au niveau des lamelles, stimulant la prolifération cellulaire anormale et altérant la structure lamellaire. Cette altération affaiblit la connexion entre la phalange distale (P3) et la paroi du sabot, augmentant le risque de rotation ou de descente de l’os et donc de laminites équin.

Maladie de cushing (dérèglement hypophysaire)

La maladie de Cushing, également connue sous le nom de dysfonctionnement de la pars intermedia de l’hypophyse (DPIH), est un dérèglement hormonal qui affecte principalement les chevaux âgés. Elle est causée par une production excessive de cortisol par la glande pituitaire. Cette production excessive de cortisol entraîne une série de symptômes, dont une résistance à l’insuline, une immunosuppression (affaiblissement du système immunitaire), et une augmentation du risque de fourbure cheval.

L’augmentation du taux de cortisol induit une résistance à l’insuline, aggravant les problèmes métaboliques et augmentant le risque de laminites équin. De plus, le cortisol a un effet immunosuppresseur, rendant le cheval plus vulnérable aux infections. Les infections peuvent également contribuer au développement de la fourbure cheval en déclenchant une réponse inflammatoire systémique.

Tests de diagnostic

Le diagnostic précis du SME cheval et de la maladie de Cushing est essentiel pour une prise en charge adaptée. Les tests de diagnostic couramment utilisés incluent :

  • Test de suppression à la dexaméthasone : Ce test évalue la capacité de la glande pituitaire à supprimer la production de cortisol en réponse à l’administration de dexaméthasone, un corticostéroïde synthétique.
  • ACTH basal : Ce test mesure le niveau d’ACTH (hormone adrénocorticotrope) dans le sang, qui est souvent élevé chez les chevaux atteints de la maladie de Cushing. Une valeur supérieure à 35 pg/mL est souvent indicative de la maladie. [Insérer ici la référence de l’étude qui définit cette valeur].

Le tableau ci-dessous présente des exemples de résultats de tests de diagnostic pour le syndrome métabolique équin et la maladie de Cushing, ainsi que leur interprétation :

Test Résultat (unité) Interprétation Source
Test de suppression à la dexaméthasone Cortisol après suppression > 1 µg/dL Suspect de Cushing [Insérer ici la référence de l’étude]
ACTH basal > 35 pg/mL Suspect de Cushing [Insérer ici la référence de l’étude]
Test d’insuline Insuline > 20 µUI/mL Suspect de résistance à l’insuline [Insérer ici la référence de l’étude]

Un suivi vétérinaire régulier est indispensable pour diagnostiquer et gérer ces conditions. Le traitement peut inclure des médicaments, des changements alimentaires et une gestion de l’exercice. Une prise en charge précoce et adaptée peut significativement améliorer la qualité de vie du cheval et réduire le risque de fourbure cheval.

Facteurs inflammatoires sévères

Les facteurs inflammatoires sévères, tels que le sepsis (infection généralisée) et d’autres maladies systémiques, peuvent également déclencher une fourbure cheval. Ces conditions provoquent une libération massive de médiateurs inflammatoires qui endommagent les lamelles du pied. Comprendre ces mécanismes inflammatoires est essentiel pour une intervention rapide et efficace.

Sepsis (infection généralisée)

Le sepsis est une réponse inflammatoire systémique à une infection. Il peut être causé par diverses infections, telles que la métrite post-partum chez les juments, la pneumonie sévère ou la colite. L’infection déclenche une cascade inflammatoire qui affecte l’ensemble de l’organisme, y compris les pieds.

La libération massive de médiateurs inflammatoires (cytokines, TNF-alpha) provoque un dysfonctionnement endothélial et une vasoconstriction au niveau des lamelles du pied. Cette réduction de l’apport sanguin entraîne une ischémie (manque d’oxygène) et une atteinte des lamelles, les rendant vulnérables à la destruction.

Autres maladies systémiques

  • Rétention placentaire chez les juments après le poulinage.
  • Colite (inflammation du côlon).
  • Péritonite.

Ces conditions peuvent également déclencher une réponse inflammatoire systémique et augmenter le risque de fourbure cheval. La surveillance attentive des chevaux présentant des signes d’infection et la mise en place d’un traitement vétérinaire rapide et agressif sont essentiels pour prévenir cette complication.

Causes mécaniques

Les causes mécaniques, telles que la surcharge pondérale et la mauvaise ferrure, peuvent également contribuer au développement de la fourbure cheval. Ces facteurs exercent une pression excessive sur les structures du pied, compromettant leur intégrité. Une compréhension approfondie de ces mécanismes est essentielle pour optimiser la gestion du poids et des pieds de nos chevaux.

Surcharge pondérale

L’obésité et la surcharge des membres exercent une pression excessive sur les structures du pied, altérant la circulation sanguine et fatiguant les lamelles. Les chevaux de sport soumis à une charge excessive, en particulier lors d’un entraînement intense, sont également à risque. Il est crucial d’assurer un entraînement progressif et adapté, ainsi qu’une gestion du poids rigoureuse.

Mauvaise ferrure et parage

Une ferrure inadaptée ou un parage déséquilibré peuvent entraîner une mauvaise répartition du poids, une pression excessive sur certaines zones du pied et une surcharge des structures du pied. Un angle de pied incorrect, des pieds plats ou une qualité de ferrure médiocre sont autant de facteurs de risque. Le parage devrait avoir lieu toutes les 6 à 8 semaines. [ajouter ici une référence d’un article de spécialiste en maréchalerie].

Médicaments et toxines

Certains médicaments et toxines peuvent également induire une fourbure cheval. Les corticostéroïdes et l’exposition à des toxines environnementales sont des facteurs à considérer. Il est impératif de connaître les risques associés à ces substances et de prendre des précautions pour minimiser leur impact.

Corticostéroïdes

Les corticostéroïdes, bien qu’utiles dans le traitement de certaines affections, peuvent avoir des effets secondaires indésirables, notamment une résistance à l’insuline, une immunosuppression et une augmentation du risque de fourbure cheval. Leur utilisation doit être prudente et rationnelle, en privilégiant les alternatives lorsque cela est possible.

Toxines

L’exposition à certaines toxines, comme celles présentes dans le noyer noir (contamination du sol ou du foin), peut provoquer une vasoconstriction et augmenter le risque de fourbure cheval. De même, les endotoxines présentes dans certains aliments contaminés peuvent déclencher une réponse inflammatoire systémique. Il est donc essentiel de veiller à la qualité du foin et des aliments.

Facteurs génétiques

Le rôle des facteurs génétiques dans la prédisposition à la fourbure est un sujet de recherche en développement. Bien que l’influence exacte des gènes reste à déterminer, certaines races semblent plus susceptibles de développer cette affection. Une meilleure compréhension de la génétique pourrait à terme permettre de mieux prévenir la fourbure cheval. Cette section traitera de l’influence de la race et de la génétique sur le développement de la fourbure, soulignant les travaux de recherche actuels et les perspectives futures.

Recherche actuelle

Les études en cours visent à identifier les gènes impliqués dans la régulation de l’insuline, la réponse inflammatoire et la structure du pied. Ces recherches se concentrent sur l’identification des marqueurs génétiques qui pourraient indiquer une susceptibilité accrue à la maladie. Comprendre ces mécanismes génétiques pourrait permettre de développer des tests de dépistage précoce et des stratégies de prévention ciblées. Des études épidémiologiques ont montré que certaines races, comme les chevaux Frisons, présentent une incidence plus élevée de fourbure, ce qui suggère une composante génétique. L’exploration de ces pistes pourrait ouvrir de nouvelles perspectives pour la prévention et le traitement de la fourbure cheval.

Les chercheurs s’intéressent particulièrement aux gènes impliqués dans :

  • La régulation du métabolisme du glucose et de l’insuline.
  • La réponse inflammatoire et l’immunité.
  • Le développement et la structure des lamelles du pied.

L’identification de ces gènes pourrait permettre de mieux comprendre les mécanismes physiopathologiques de la fourbure et de développer des approches thérapeutiques plus efficaces. Ces recherches pourraient mener à des recommandations de croisement plus réfléchies, à des suivis plus attentifs de certains sujets et à des pistes de compléments alimentaires ciblés.

Prévention et gestion des risques

La prévention de la fourbure cheval repose sur une gestion rigoureuse des facteurs de risque et une approche proactive. Une alimentation équilibrée, un suivi vétérinaire régulier, un exercice physique adapté et des soins des pieds appropriés sont essentiels. En mettant en place des mesures préventives efficaces, nous pouvons réduire significativement le risque de fourbure et assurer le bien-être de nos chevaux. La consultation régulière de professionnels qualifiés et la connaissance approfondie des besoins spécifiques de chaque cheval sont des éléments clés de cette démarche.

Tableau de bord du propriétaire

Afin d’aider les propriétaires de chevaux à gérer le risque de fourbure, voici un tableau de bord simple avec des points de contrôle réguliers :

  • Poids et score corporel : Surveiller régulièrement le poids et le score corporel de votre cheval pour éviter l’obésité. Un score corporel idéal se situe entre 4 et 6 sur une échelle de 9 (Henneke, 1983).
  • Alimentation : Contrôler l’apport en glucides, en particulier en sucres et en amidon. Adapter la ration en fonction de l’activité et des besoins de votre cheval.
  • Pâturage : Limiter l’accès à l’herbe riche, surtout au printemps et à l’automne. Utiliser des filets à foin pour ralentir la consommation.
  • Suivi vétérinaire : Effectuer des contrôles vétérinaires réguliers, notamment pour le dépistage précoce du SME cheval et de la maladie de Cushing.
  • Soins des pieds : Assurer un parage et une ferrure réguliers et adaptés. Surveiller la qualité de la corne et l’absence de signes de fourbure cheval.

Prévention et vigilance

Avec une connaissance approfondie des causes de la fourbure cheval, une gestion proactive et un suivi régulier, cette affection peut être évitée ou minimisée. Consultez votre vétérinaire et votre maréchal-ferrant pour créer un plan de prévention qui correspond aux besoins spécifiques de votre cheval. Agir tôt et surveiller les facteurs de risque peuvent faire toute la différence pour la santé et le bonheur de votre cheval.

Plan du site